L'automne est là, sur le calendrier, mais c'est par un beau jour estival que j'entreprends la visite "des
coulisses de la Tour Eiffel".
Le rendez-vous est fixé à 10h45, pilier nord, devant le buste de Gustave Eiffel.
Il est juste 9h, j'ai le temps de me promener aux abords.
Les 26 sculptures du Colombien Edgardo Carmona jalonnent les quais de Javel à Suffren.
L'expo, commencée le 12 mai se termine demain. Il était temps.
L'ascenseur poursuit son ballet incessant dans ce Meccano...
... pendant que certains" regardent sous les jupes des
filles"
Notre guide se présente et la visite commence.
La Tour a été pensée dès 1884 par les ingénieurs Emile Nouguier et Maurice Koechlin. Elle était destinée à
montrer la puissance de la France après la guerre de 1870.Le premier plan, qui comptait six étages, est réalisé en juin 1884 et amélioré par Stephen Sauvestre l’architecte en chef des projets de
l'entreprise, Eiffel et Cie, qui lui apporte plus d'esthétique.
Eiffel, qui n'était pas intéressé par cette tour, rachète le brevet à Emile Nouguier et Maurice Koechlin. Il
remporte le concours "en vue de l'Exposition Universelle de 1889".
Construite en deux ans, deux mois et cinq jours, de 1887 à 1889, par 250 ouvriers, elle est inaugurée, à
l'occasion d'une fête de fin de chantier organisée par Gustave Eiffel, le 31 mars 1889.
Jusqu'en 1929, la Tour Eiffel a été le plus haut monument du monde.
Il aura fallu environ 3300 ans pour détrôner le record de 150 mètres détenu par les Pyramides.
Le projet ne plait pas aux Parisiens, la jugeant laide et inutile.
Eiffel sauve la Tour de la destruction en installant une station météo justifiant son utilité, ainsi qu'une
antenne de TSF.
Actuellement, plus de 150 antennes surmontent la Tour.
Gustave Eiffel était un spécialiste des ponts : Lisbonne, Garabit…
La Tour est composée de 18032 pièces de métal
; assemblées par 2.500.000 rivets ; numérotées et pré-assemblées dans les ateliers de Levallois par 100 ouvriers.
Les 150 autres les assembleront sur place.
Malgré l'absence de filets de sécurité et d'échafaudages, on ne dénombre aucun mort, hormis un ouvrier italien
revenu un dimanche pour épater sa belle.
On compte une moyenne de 2 suicides par an, le dernier en mai 2011, malgré les mesures de sécurités appliquées
maintenant.
Contrairement à la légende qui veut que la Tour compte 1789 marches, à l'origine, elle en comportait 1710,
puis 1665 suite à la suppression de l'escalier hélicoïdal, remplacé par un escalier en zigzag qui relie le 2ème étage au 3ème.
Sur le parapet extérieur, on remarque le nom de savants de l'époque.
La Tour, ce sont d'autres chiffres :
Elle pèse 7300 tonnes "nue", 10.000 "habillée".
En 2010, elle fait un bilan de santé et l'on s'aperçoit qu'elle est en surpoids de 1500 Tonnes. On a essayé de
l'alléger au maximum : changement de vaisselle, de mobilier, de couverts…
Elle souffre également d'ostéoporose, elle a perdu 9 cm au sommet.
Elle penche de 4 cm vers le sud-ouest à cause du RER, des boutiques, des restaurants…
Lors de la tempête de 1999, elle a bougé de 15 cm.
Elle n'est pas montée sur vérins hydrauliques comme le prétendent certains.
Ils ont été utilisés pour la construction et enlevés par la suite.
Ses fondations s'enfoncent de 15 mètres dans le sol, 15 mètres côté Seine.
60 tonnes de peinture sont appliquées tous les 7
ans sur 250.000 mètres carrés. Malgré l'érosion due aux intempéries, il en reste 10 tonnes. On prévoit de la décaper entièrement dans quelques années.
En 2007, 7 millions de visiteurs ont fréquenté la Tour, soit 20.000 par jour en moyenne. Le maximum est de
32.000 par jour en été et le minimum 5.000 en hiver.
On prévoit que le cap des 300 millions sera franchit en 2017.
C'est l'un des rares édifices publics à rapporter de l'argent.
Chaque année, le parcours cumulé de tous les ascenseurs représente deux fois et demie le tour de la Terre
(plus de 103.000 kilomètres).
Pour le passage à l'an 2000 elle a été équipée de 20.000 loupiotes clignotantes.
Pour alléger la Tour et les factures, depuis 2003, 15.000 LED scintillent toutes les heures.
Elle devrait s'éteindre en 2013.
Nous voici maintenant à quelques encablures de la Tour, descendant dans l'ancienne station radioélectrique du
campement militaire.
De délicieuses odeur nous y accueillent.
Les cuisines des restaurants "Le Jules Verne" et du "58 Tour Eiffel" y sont installées. Les plats sont
convoyés par les sous-sols jusqu'à la Tour.
On y trouve également toutes les régies. Ce sous-sol occupe 800 mètres
carrés sous le Champ de Mars.
En 1803, le capitaine Ferrié voudrait établir un réseau télégraphique sans fil sans le financement de l'armée
qui refuse.
Alors que la TSF n'en ait qu'à ses balbutiements, Eiffel soutient le projet en acceptant l'installation d'une
antenne. L'expérience sera un succès.
Il savait que seule l'utilité scientifique de la Tour pourrait la sauver de la sa destruction prévue en 1909.
C'est pourquoi il autorisa de nombreuses expériences scientifiques : observations météorologiques, astronomiques, physiques, résistances de
l'air...
Le réseau de TSF à usage strictement militaire dont fait partie l'émetteur de la Tour Eiffel va basculer vers un usage civil aux environs de 1920. A partir de 1921, des programmes
radio sont diffusés : musique, chroniques et un journal parlé en 1925.Radio Tour Eiffel inaugurée en 1922, elle est bien connue des amateurs de postes à galène.
On peut voir ici Sacha Guitry et son épouse Yvonne Printemps en compagnie d'Eiffel lors d'une retransmission
radiophonique.
Dès 1925, la Tour sert de cadre aux débuts de la télévision en France, des émissions expérimentales sont
proposées entre 1935 et 1939.
Le 12 juin 1953, grâce à l'émetteur, la télévision montrait en direct, à toute la France, le couronnement de
la Reine d'Angleterre.
C'étaient les premiers pas de l'Eurovision.
En 1957, sont installées les paraboles de diffusion en direct permettant d'assurer les émissions des 3 chaînes de télévision, ainsi
que l'émetteur de radio à modulation de fréquence (FM). La Tour culmine alors à 320.75 mètres.
En 2000, une nouvelle UHF augmente sa hauteur à 324 mètres.
Cette porte condamne un souterrain menant à l'Ecole Militaire.
Nous voici revenus à l'air libre.
Jusqu'en 1923, l'arrivée de tous les câbles s'effectuait par ce trou.
Par un escalier, nous descendons dans le sous-sol du pilier est qui recèle la machinerie d'ascenseur. Pas de chance, celle-ci
est en maintenance et nous ne la verrons pas fonctionner.
Lorsque Gustave Eiffel se demande comment les visiteurs vont
accéder aux étages supérieurs, la technique des ascenseurs commence à se développer. Mais avec cette inclinaison et cette hauteur, ça n'a jamais été fait.
Plusieurs ingénieurs imaginent un système qui tournerait avec la
force de l'eau et de la vapeur.
Des ascenseurs fonctionnant avec la force hydraulique sont
installés dans 3 piliers.
Les machineries ne pouvaient fonctionner de novembre à mars car les
réservoirs d'eau gelaient.
Après 93 ans de bons et loyaux services, le tronçon entre le
deuxième et le troisième étage a été remplacé en 1983 par des cabines électriques.
Dans les entrailles du pilier Est, se mêlent la machinerie
hydraulique du XIX° siècle et l'électronique de pointe du XXI° siècle.
Le gaz et la vapeur ont été remplacés il y a bien longtemps par
l'électricité mais la machinerie hydraulique en toujours en service, associant l'eau à moyenne pression et l'huile à haute pression.
Il règne ici une pénombre qui rend le décor fantasmagorique. On y
voit des pistons, des bielles, des roues, des câbles, des
accus, des contrepoids et plein d'autres machines dont j'ai oublié le nom.
La pression sur l'eau pousse le piston, l'eau pousse le chariot, les accus tirent les
contrepoids.
Au moment de la
construction, les quatre piliers étaient
équipés de cabine entre le premier et le deuxième étage.
En 1889, cinq ascenseurs ont été mis en service pour accueillir les visiteurs. Eiffel les a modernisés en 1900.
Entre le deuxième et le troisième étage, l'ascension était assurée par une machine hydraulique unique au monde. La cabine était poussée par un piston hydraulique de 81 mètres de course alors que
la cabine inférieure formait un contrepoids.
Il fallait changer de cabine à mi parcours en suivant une
passerelle. Il ne fallait pas avoir le vertige !!!
Actuellement, du sous-sol au deuxième étage, les ascenseurs des
piliers nord, est et ouest sont réservés aux visiteurs. Un autre assure uniquement la desserte du restaurant Jules Verne dans le pilier sud. Un ascenseur de service, monte charge est aussi situé
pilier sud.
Du deuxième étage au sommet, 2 doubles cabines acheminent les
visiteurs dans le ciel de Paris.
Jusqu'en 1986, le liftier se trouvait à l'extérieur de la cabine !!!
Nous sortons des entrailles de la Tour et nous dirigeons vers le
pilier nord.
Grâce à notre billet coupe-file et à notre guide, nous montons directement dans
le premier ascenseur disponible.
Ici s'achève la visite guidée.
Vues du deuxième étage.
J'achète 5.20 € le billet pour accéder au 3ème étage.
Vues du troisième étage.
Ici, on peut voir les lampes qui illuminent la Tour et scintillent 5 minutes
toutes les heures.
On remarque le nuage de pollution qui recouvre le ciel de
Paris.
Les fourmis jouent au foot !!
Quelques unes des 150 antennes.
Reconstitution du bureau d'Eiffel. On le voit avec sa fille offrant
un phonographe à Thomas Edison.
Pour Reykjavík, c'est tout droit, dans l'alignement du Palais de
Chaillot (décidément, on ne sort pas de l'Islande…).
Il est maintenant temps de redescendre.
Explorons le premier étage.
Jeu d'ombres
Le pavillon Ferrié ou l'on peut visiter le Cineiffel, (lorsque
c'est ouvert, ce qui n'était pas le cas aujourd'hui) qui recèle des boîtes magiques, hologrammes et salle de cinéma.
Juste pour la frime, arrêt déjeuner au "58 Tour Eiffel" où je
dégusterai un croquant Tour Eiffel. Le serveur avait bien dit : "juste un petit dessert Madame ?" Mais 6€ pour un si microscopique gâteau
c'est énorme, même si la vue est superbe.
Plus que quelques pas et le tour du premier étage sera terminé.
Je retrouve "le plancher des vaches" et me promène sur le Champ de
Mars, le ciel est d'un bleu limpide.
De grosses balles de tennis dégringolent d'un Oranger des Osages
faisant la joie des pigeons.